5 erreurs courantes qui nuisent à la biodiversité dans nos jardins

et comment les éviter

Les beaux jours reviennent, et avec eux, cette envie de « faire propre » au jardin. On ressort la tondeuse, on taille les haies, on coupe les branches qui dépassent… Et souvent, sans le vouloir, on fait plus de mal que de bien à la biodiversité.

Car oui, nos gestes d’entretien peuvent avoir des conséquences directes sur la vie qui nous entoure : insectes pollinisateurs, oiseaux, microfaune du sol… Et les arbres ne sont pas en reste ! Ils sont de véritables refuges à biodiversité, à condition de les respecter.

Alors si vous avez un jardin – ou que vous intervenez en tant qu’arboriste ou gestionnaire d’espaces verts – voici cinq erreurs fréquentes à éviter, pour laisser un peu plus de place à la nature.

1. Tondre à ras et trop souvent : le désert vert

Une pelouse nickel, bien tondue toutes les semaines ? Sur le papier, ça peut sembler « entretenu », mais pour la biodiversité, c’est un cauchemar.

Quand on coupe l’herbe trop court et trop souvent, on empêche les plantes sauvages de fleurir. Adieu les pissenlits, trèfles et autres fleurettes adorées des abeilles et des papillons ! Et les petits insectes, eux, n’ont plus ni abri ni nourriture.

À la place : laissez certaines zones en jachère, tondez plus haut (au moins 8 cm), et pourquoi pas, créez une zone de prairie fleurie que vous ne coupez qu’une à deux fois par an. Moins d’entretien, plus de vie. Tout le monde y gagne.


2. Tailler les arbres sans discernement

On voit encore trop souvent des tailles radicales sur les arbres. Branches maîtresses supprimées, têtes coupées net, cavités bouchées… Ces pratiques agressives affaiblissent l’arbre et détruisent les habitats naturels qu’il abrite.

Un arbre, ce n’est pas juste un tronc et des feuilles. C’est une petite ville vivante : oiseaux nicheurs, chauves-souris, coléoptères, champignons, lichens… La faune et la flore y trouvent refuge, pour peu qu’on leur laisse une place.

Le bon réflexe : optez pour la taille douce, qui respecte la forme naturelle de l’arbre. Et surtout, évitez de tailler au printemps, en pleine période de nidification. Un arboriste grimpeur expérimenté saura intervenir avec finesse, en adaptant sa coupe à chaque spécimen.


3. Supprimer tout le bois mort

Le bois mort fait peur. On le pense dangereux, moche, inutile… Alors on le coupe, on le brûle, on le jette. Et pourtant, c’est un trésor écologique.

Dans un tronc creux ou une vieille branche, on trouve des insectes xylophages, des champignons saprophytes, des oiseaux cavernicoles comme les pics ou les chouettes… Et au sol, un tas de bois mort devient un hôtel à hérissons, amphibiens, pollinisateurs…

Que faire ? Conservez le bois mort autant que possible. S’il présente un danger (risque de chute), on peut sécuriser ou réduire, mais pas forcément éliminer. Et pensez aussi à laisser des tas de bois dans un coin du jardin, ils deviendront vite des micro-habitats.


4. Utiliser des produits chimiques au jardin

Encore trop de jardins sont traités aux herbicides, fongicides, insecticides. Résultat ? Un sol stérile, une disparition des insectes, une pollution de la nappe phréatique… Et une chaîne alimentaire brisée.

Les produits phytosanitaires ne tuent pas seulement les « nuisibles » : ils touchent toute la biodiversité, des abeilles aux vers de terre. Sans compter que certaines substances restent actives pendant des années dans les sols.

À éviter absolument : tous les produits chimiques, y compris ceux dits « naturels » s’ils ne sont pas utilisés avec discernement.

À privilégier : les paillis, les cultures associées, les plantes compagnes, les décoctions (ortie, prêle…), les auxiliaires du jardin (coccinelles, syrphes…). Et un peu de tolérance aussi : un jardin vivant, ce n’est pas toujours parfaitement net.


5. Oublier les cycles naturels

On a souvent tendance à intervenir au mauvais moment. Taille en pleine nidification, coupe des haies quand les oiseaux y élèvent leurs petits, nettoyage de feuilles mortes juste avant l’hiver…

Chaque saison a son rôle. Et certaines interventions, même légères, peuvent avoir un impact énorme sur la faune.

Le bon timing : repoussez les grosses tailles à l’automne ou en hiver (hors périodes de gel). Laissez les feuilles mortes au sol jusqu’au printemps : elles protègent le sol, nourrissent les vers de terre, abritent insectes et larves…

🌾 En résumé : Moins c’est mieux !

Entretenir un jardin, ce n’est pas le domestiquer à tout prix. C’est cohabiter avec le vivant. Laisser une souche ici, une zone en friche là. Prendre le temps d’observer, de comprendre ce qui s’y passe. Et parfois, choisir de ne pas intervenir du tout.

En tant qu’arboriste grimpeur, jardinier ou simple amoureux de la nature, nous avons tous un rôle à jouer pour faire de nos espaces verts des refuges pour la biodiversité.

Car un arbre mort peut héberger la vie. Une herbe haute peut nourrir une abeille. Et un jardin un peu sauvage peut devenir un petit paradis.